jeudi 27 octobre 2011

Session 1/Chapitre 3 : Les tranchés du Bahut ou l'envers de Dante [Crazy Babysitter]


Il paraît que lorsque quelqu'un est décapité, il conserve ses facultés mentales durant un court instant, le temps que le sang qui irriguait son cerveau ne se soit pas encore tout à fait échappé des veines sectionnées. Fait établi pour certains, foutaises pour d'autres.
Un reaper vous confirmera la véracité de cette théorie. Un reaper dont la tête vient de valdinguer à travers la fenêtre, entaillée au passage sur les joues et le front par le verre resté collé au bois. La vingtaine de mètres le séparant du sol lui permet quelque instant de répit aussi se dépêche-t-il de mâchouiller goulument le pénis d'humain qu'il vient de croquer et déjà à moitié ingéré puisque le gland pointe le bout de son nez au niveau de la gorge de la créature.
Cinq mètres, quatre, trois, deux, un… vlan ! La tête heurte le macadam de la cour principale du lycée et la caboche du reaper à moitié éclatée par le choc régurgite la verge turgescente qui effectue un triple salto avant d'atterrir sur l'épaule droite du Harvester, le chef des reapers. C'est un vampire de grande taille, plutôt maigre et le teint blême. Une sorte d'idéal chez les descendantes de Dracula.
Ce dernier lève les yeux au ciel et balaye le robinet d'amour de Daniel Whistler d'un revers de la main et le ziguigui retombe par terre tandis que la tête défoncée du reaper-soldat essaye avec le muscle d'une oreille valide de se frayer un chemin au milieu des mégots et des bubble gums usagés, afin d'atteindre son repas lorsque le Harvester baisse les yeux et l'observe presque avec curiosité :
-Mais qu'est ce que c'est que cette tête de bite ?!! dit-il d'une façon plus dédaigneuse que réellement interrogative.
Son second, ou plutôt sa seconde, une reaper nommée Clarisse au visage maculé du sang d'une victime mais dont l'apparence laisse néanmoins deviner qu'elle sait prendre soin de sa personne, utilise ses spartiates anti-gravité afin de se rendre au plus vite aux côtés de son maître, ou plutôt de son employeur car on n'a rien sans rien chez les vampires, et constate les faits.
-C'est une tête. Une tête sans son corps.
-Non, sans déconner ?! répond narquoisement le Harvester. J'avais pas deviné. Parce que bon, vu comme ça, on aurait dit une tête. Mais sans son corps.
-Monsieur est trop drôle ! Je...
- Arrêtez de me lécher le cul, Clarisse ! Par contre, vous feriez bien de bouger le vôtre, parce qu'on est en retard dans les livraisons et ça va carillonner sec dans les jours à venir si on ramène pas du matos de qualité. Et evitez les en-cas pendant le boulot, tant qu'à faire. Il se passe la main sur le visage afin de signifier à la reaper qu'elle est couverte d'hémoglobine.
-J'entends bien, j'entends bien, s'excuse-t-elle tout en se nettoyant avec la manche de sa veste. Mais faut dire que c'est pas évident non plus avec les gars du F.I.O.N. toujours dans nos pattes. A croire qu'ils ont une taupe ou je sais pas ! répond Clarisse, un peu gênée que les choses ne tournent pas comme elle l'avait prévu. Mais cela ne rassure pas du tout le Harvester.
-Une taupe ?! Ouais ben je sais dans quel trou je vais la foutre une fois que je l'aurais trouvée celle-là. En attendant ça serait peut-être bien qu'on avance un peu.
Il regarde autour de lui et aperçoit une horde de rippers en cage, déjà occupés à s'entre-dévorer. Les rippers sont des vampires autrefois humains mais dont la mutation s'est mal passée, les transformant en créatures bêtes comme un verre à pied mais très agressives. Le visage du Harvester s'illumine :
-Mais bordel ! On a qu'à envoyer les rippers ! En v'la une idée qu'elle est bonne ! En deux temps-trois mouvements c'est torché.
Clarisse s'interroge : Les reapers ! Mais Monsieur, c'est pas vraiment notre boulot.
-Tsss tsss ! S'agace le Harvester. Les Riiiippers, pas les reeeeapers ! C'est subtil. Et puis si ça suffit pas, on sort le portefeuille et on envoie Éloïse.
L'assistante du Harvester lève les yeux au ciel au moment où son patron prononce le nom d'Eloïse.
-Mais chef, cette garce demande qu'on lui double son salaire en cas d'intervention. Et je vous rappelle qu'on nous a demandé, en hauts lieux, de freiner sur les dépenses.
-Certes, certes. Mais on a aussi demandé en hauts lieux de faire du chiffre et de trouver de la bonne becquetance. Et je vous prie de croire si j'ai encore un minimum de crédibilité à vos yeux que là-dedans, il y a du matériel humain de premier choix, c'est le Hédiard de la communauté vampirique ici, dit-il en désignant le lycée. Pas le döner du coin !

Clarisse hoche la tête et s’apprête à s’exécuter mais le Harvester la retient d'un mouvement de doigt (oui, le Harvester est télékinesique).
-Vous savez qui il y a là-haut, du F.I.O.N. ?
-Dante et Whistler, Monsieur. Et on en est pas encore certain mais il est possible qu'Hannah soit dans les parages aussi.
-Hé bé ! se gausse-t-il les yeux ironiquement écarquillés. On a du beau monde par ici. C'est déjà pas mal, Joe Dante. Mais c'est pire, Hannah. C'est l'occasion de se débarrasser de ces casse-goules pour de bon. Bon, envoyez-moi les riiiippers (il insiste sur le i), et tant qu'à faire payez Eloïse ce qu'il faudra tant qu'elle élimine ces enfoirés. Et dites-lui de faire souffrir ce salaud, je veux que Joe Dante meurt dans un hurlement. Et tant qu'à faire, prévenez le mécano de monter la tempé du générateur d'ombres, parce que bon, on se les caille ici quand même.

Soudain, un vampire est projeté d'une fenêtre du dernier étage du bâtiment au pied duquel se trouve le Harvester et Clarisse. Il est en flammes, une vraie torche vampire et pousse des cris de douleur tout en essayant de s'envoler.

-Eh ben lui au moins il a pas froid ! s'amuse Éloïse, qui se tient les bras croisés derrière eux.
-Vous êtes déjà là ?! lui dit, surpris, le harvester.
-J'arrive dés qu'on parle de moi. Surtout en mal, répond la reaper freelance en jetant un regard noir à Clarisse qui baisse les yeux car Éloïse l'impressionne tout de même. Elle quitte l'endroit en accélérant la glisse, se prenant au passage une remarque de la vampire sarcastique :
-Superbes, vos chaussures ! Du moins dans la collection d'il y a deux ans !
-Bon ! C'est pas que je voudrais vous presser mais ce serait bien de vous dépêcher un peu. Vos tarifs seront les nôtres. C'est pour ça que vous êtes là alors au boulot. Mais attention au sabre de ce salopard du F.I.O.N. Méfiez-vous du pic de Dante !
Le harvester frappe dans ses mains et invite Eloïse à se mettre à la tâche. Celle-ci s’exécute non sans faire tournoyer ses deux sabres dans l'air, dans une attitude de poseuse qui agace le chef des opérations.  
-Ne vous faites pas de souci pour Dante ! Ce diable pourrait bien pleurer. Envoie la mercenaire avant de s'envoler vers le toit du bâtiment. Et préparez votre chéquier, Ofsorreaux ! lui hurle-t-elle dans un claquement d'ailes, laissant le harvester droit comme un i devant un lycée en flammes où la mort et la souffrance clâment leur dû.

Les battants de la porte du gymnase ne résistent pas à un bon coup de pied. Et j'entre à l'intérieur avec cet imbécile de Whistler en larmes, qui se tient les couilles d'une main comme si de toute façon elles allaient encore lui servir à quelque chose.
C'est le bordel là-dedans : des pom-pom girls, où devrais-je dire des pompe-pompe girls si j'en réfère aux talents buccaux de certaines de ces miss pas bien farouches, s’époumonent tout en essayant d'échapper à une bande de rippers qui doivent pas être là depuis bien longtemps. Putain, j'ai même pas le temps de penser qu'un de ces enfoirés fonce sur moi et tonton. Et le gros me gène, pas le temps de prendre mon flingue. On est mal, très mal et...

Le ripper est arrêté net dans sa tentative de sauter sur Dante et Whistler par une soudaine explosion de tête. Son corps s'affale sur la gomme du sol de la salle de sports en flammes. Et c'est d'entre-elles qu'apparaît une déesse au corps de rêve, aux yeux de braises, vêtue comme une cheerleader avec deux énormes Desert Eagle Calibre 50 hypertrophiés à la place des pompons, tandis que les hauts-parleurs du gymnase braillent un Enter Sandman des quatre cavaliers de l'apocalypse du hard-rock, l'hymne de l'équipe de basket du bahut.
Hannah !
-Alors Joe Dante ! Qu'elle me dit. On joue aux p'tits soldats ? Elle me montre une porte qui amène direct à la cafèt'.  Suis-moi Dante, l'aventure est à l'intérieur. 

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